année 2012
Chardon bleu
Eryngium alpinum - L.Apiaceae | Prairies et pelouses
C’est une plante vivace, glabre, haute de 30 à 70 cm, avec une souche épaisse qui portent plusieurs tiges dressées feuillées, pas ou peu ramifiées supérieurement. Les feuilles sont peu coriaces à bords finement dentés à crénelés. Il existe un dimorphisme foliaire important. Les feuilles basales, ou stériles, sont vertes, à limbe largement ovale-triangulaire, obtus et très en cœur à la base. Les feuilles caulinaires sont quant à elles, sessiles, incisés et palmatifides. Les inflorescences sont constituées d’ombelles, parfois groupées par 2 ou 3, développées à l’extrémité des tiges et des rameaux. Dans les ombelles, de petites fleurs blanches sont groupées en tête oblongue de 2 à 4 cm de long. Ces inflorescences sont munies à leur base d’un involucre en forme de collerette de 10 à 20 bractées, molles, étalées à dressées, épineuses bleues à violet. L’ensemble ombelle-involucre est porté par un long pédoncule dressé également bleuâtre. Les bractées engainant la tige, à l’aisselle desquelles se développent les inflorescences sont également bleuâtres. Fleurie, cette espèce est d’identification aisée et ne peut-être confondue. Les trois premières années, avant la première floraison, la plante est reconnaissable sur le terrain par ses feuilles mais plus difficilement repérable dans la végétation.
Voir la fiche simplifiée Voir la fiche détailléeStatut patrimonial
- Directive habitat :
Annexe II - Espèce protégée : national
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Présence en Haute-Savoie :
Biologie
C’est une hémicryptophyte qui possède une racine tubérisée pivotante, mais dont les parties aériennes disparaissent à la mauvaise saison. La floraison a lieu de juillet à fin août, chaque pied pouvant produite jusqu’à 15 tiges fleuries, qui à partir de la mi-juillet vont être pratiquement totalement bleuâtres. La première floraison intervient généralement au bout de 3 ans après la germination. Les fleurs sont pollinisées par les insectes et les fruits produits sont disséminés à la fin de l’été lorsque le vent secoue les inflorescences, mais non adaptés et lourds, ils ne disséminent que très peu. Les graines produites semblent peu adaptées à la dispersion puisque des études ont montré que la plupart germent à proximité du pied-mère. L’espèce peut également se maintenir par multiplication végétative à partir de petits bourgeons nés sur la tige souterraine et qui donnent de nouvelles rosettes.
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Type biologique : Hémicryptophyte
- Floraison : de juillet à août
- Mode de pollinisation : entomogame
- Mode de dissémination : anémochore
- Type de reproduction : sexuée et végétative
Ecologie
Le chardon bleu est une espèce à tendance héliophile, mais elle craint le dessèchement, et va donc s’installer et se maintenir dans des stations de demi-ombre et en situation d’exposition intermédiaire. On la rencontre dans des prairies, des pelouses fraîches, voire des mégaphorbaies pas trop humides des étages montagnard et subalpin, développées sur des sols neutroclines à acidicline, riches, frais mais d’humidité moyenne. L’espèce est présente dans deux types de stations : d’une part, des stations dites primaires, habitats d’origine de l’espèce (couloirs d’avalanches, prairies sur éboulis terreux stabilisés à Laserpitium siler, …) dont la dynamique est bloquée ou régulièrement rajeunie. L’espèce peut également se développer dans des stations dites secondaires, dans des habitats de « substitution », maintenus par les activités anthropiques extensives (pâturage ou fauche tardive), où elle aura tendance à se réfugier sur les lisières plus fraîches et moins impactées par les pratiques agricoles.
Répartition
Mondiale
C’est une orophyte centro-européenne à aire disjointe qui se rencontre dans les montagnes d’Europe centrale autour de l’Arc alpin. Ses populations se situent principalement dans les Alpes occidentales, mais l’espèce se rencontre jusque dans les Alpes orientales (en Autriche et Italie). Elle est également ponctuellement présente dans les chaînes montagneuses voisines (Jura, Tatras,..).
Française
En France, l’espèce est surtout présente dans les Alpes internes (Ecrins, Mercantour et Vanoise) et plus rares dans le sud du Jura et les Pré-Alpes du nord.
Régionale
En Rhône-Alpes, elle est se rencontre dans tous les départements à l’Est du sillon rhôdanien.
Départementale
En Haute-Savoie, l’espèce est présente dans le Chablais, les réserves naturelles nationales de Sixt et Sixt-Passy, dans le Haut-Giffre et ponctuellement dans les Aravis et les Bornes.
Menaces & actions de préservation
Jusqu’à sa protection légale, l’espèce a beaucoup régressé en raison des prélèvements dans la nature pour sa commercialisation. Depuis ceux-ci sont beaucoup moins importants mais demeurent, de façon plus discrète. Il apparaît aujourd’hui bien plus menacé par la disparition des habitats qui l’hébergent par abandon de la fauche tardive qui les maintenaient et colonisation progressive par l’aulnaie verte. Si les premiers stades de fermeture des prairies, pelouses et mégaphorbaies sont encore favorables au chardon, le boisement dense entraîne sa disparition à plus ou moins brève échéance. Par contre, dans les stations primaires où l’installation des ligneux est rendue difficile par l’action des avalanches ou la durée d’enneigement, l’espèce se maintient bien. Les activités agropastorales peuvent également être problématiques pour cette espèce dont la phénologie est tardive : une fauche ou un pâturage trop précoces vont entraîner des mutilations des parties aériennes de la plante pendant sa croissance. Par contre, des pratiques agricoles d’arrière-saison (en automne), quand l’espèce a fini son développement et sa reproduction, lui sont favorables car elles limitent la fermeture par les ligneux et favorisent la dispersion des graines.
